Jour 7 | 6 octobre 2019 | Bilbao – Ontón (33 kms / 7h)

Étape plate, quasi-exclusivement sur du bitume. Après une nuit très courte et agitée (concert très bruyant sous nos fenêtres jusqu’à 2h du matin !), je repars de l’auberge de Bilbao vers 8h15 en compagnie des trois pèlerins que nous croisons avec Leslie depuis deux ou trois jours : Olivier, Robert (espagnol) et Emil (Italien). Leslie, elle, est repartie au petit matin vers Lille.

Sortie de Bilbao en longeant la rivière par le musée Guggenheim. Très joli au début, le paysage se dégrade vite lorsque nous abordons la sortie de la ville, les zones en construction, le port industriel. Après 3h, nous traversons la Ria par l’exceptionnel pont transbordeur (le 1er construit et le dernier en fonctionnement au monde) qui mène à Portugalete.

Nous utilisons les mini-escalators pour nous faciliter l’accès à la ville, toute en montée… Pause tortilla et nous repartons tous les quatre sous une plus fine en direction de Pobeña.
Là, nous découvrons une petite ville en fête. Ne voulant pas répéter l’expérience sonore de la veille, nous nous décidons pour 6 Kms supplémentaires, sous la pluie qui a repris, vers Ontón, après une 2ème tortilla et des pinchos de calamar.

Soirée étonnante avec un repas improvisé pour 30 personnes et un joyeux mélange de nationalités.

 

Jour 8 | 7 octobre 2019 | Ontón – Colindres (38 kms / 8h30)

Démarrage de la journée à 7h40 dans l’obscurité. Le sentier côtier est fermé car dangereux ; nous allons donc marcher plusieurs kms le long d’une route très fréquentée. Deux bonnes heures plus tard nous arrivons à Castro Urdiales, une magnifique petite ville de bord de mer ; mais il est trop tôt pour s’arrêter. Du coup, nous allons enchaîner près de 5h30 de marche peu intéressante en bord de route, sur l’asphalte, sous un soleil chaud.

Je marche principalement avec Patricia, une argentine cinquantenaire qui m’aide à perfectionner mon espagnol ! Nous suivons notre groupe de pèlerins qui nous précède de quelques centaines de mètres. Peu après 13h, nous nous arrêtons pour avaler un sandwich dans un bar peu avenant et repartons pour 6 kms de montée, à nouveau sur la route.

En fin d’étape, nous trouvons un sentier le long des falaises et allons profiter des vues splendides et ensoleillées du bord de mer. En faisant quelques détours pour profiter des panoramas, nous allons perdre la trace de nos amis pèlerins. Sans réponse au téléphone de leur part, nous prenons l’option de faire halte à Colindres, où il y a un gîte municipal. Une série de surprises et de mésaventures nous y attendent…

La clef du gîte est dans un bar à côté de la mairie… à 600 m de là. Après avoir récupéré la clef, nous sommes contents de voir que nous y serons seuls, donc sans ronfleurs ! Mais, mauvaise surprise, il n’y a d’électricité, donc pas d’eau chaude ! Finalement et après une longue attente, un homme va venir mettre l’électricité mais nous devrons nous contenter d’une douche froide ! Vraiment dur après 38 kms de marche ! A 20h, nous partons boire une bière et manger une pizza bien méritée. Une bonne nuit réparatrice nous attend ensuite.

 

Jour 9 | 8 octobre 2019 | Colindres – Guëmes (37 kms / 8h)

Départ de notre gîte-appartement à 8h20, sous un beau soleil. 1 h de marche pour arriver jusqu’au petit bateau qui va nous faire traverser à Santoña. Après la sortie de la ville, nous passons d’une plage à l’autre par un petit sentier escarpé nous faisant passer sur une colline bordée de falaises. Puis pendant plus d’une heure, traversée à pieds nus sur le sable mouillé d’une longue plage, sous un soleil chaud. Il est midi, trop tôt pour s’arrêter déjeuner, nous traversons donc Noja et filons vers Isla. Nous croisons vraiment de très beaux paysages, toujours sous le soleil.

Il était temps de s’arrêter pour le déjeuner (13h30), Patricia est épuisée par nos 25 premiers kms. Nous voulions un déjeuner simple, mais le seul restaurant ouvert nous oblige nous mettre à table dans la grande salle à manger, avec serveurs. Nous nous sentons un peu en décalage !

Nous repartons à 14h30 sous un ciel gris pour la fin de notre étape. Je dois attendre de plus en plus Patricia, qui peine un peu. La pluie nous rattrape pour la dernière heure de marche. Pour l’instant, nous n’avons eu la pluie qu’un jour sur deux.

Arrivée dans le gîte très inspirant du père Ernesto (82 ans) vers 18h ; pas moins de 14 nationalités différentes se retrouvent là ce soir… Après un dîner en commun (à 70 personnes), nous retrouvons le père Ernesto dans son petit « hermitage ». Il nous commentera l’œuvre exceptionnelle d’un peintre brésilien qu’il renferme, nous parlera de sa vie exceptionnelle et de sa vision de Chemin : celui qui permet à l’homme de retrouver sa lumière par sa rencontre avec les autres, de passer de l’esclavage à la libération !

 

Jour 10 | 9 octobre 2019

Guëmes – Santa Cruz de Bezana (27 kms / 6h)

Démarrage à 8h30 sous un ciel gris et menaçant. Après une heure de marche, je rejoins Patricia et nous prenons le sentier des falaises qui longe le bord de mer. Au bout de quelques kms, la pluie arrive et le vent se lève. Notre progression est difficile avec le vent de côte qui soulève nos capes de pluie, plaque nos capuches sur nos visages et rend la vision et la progression compliquées.

A l’arrivée à Somo, la pluie a cessé et nous prenons le bateau pour traverser la baie et nous rendre à Santander. Patricia a des démarches administratives à faire. Quant à moi, je vais faire un tour en solitaire dans la ville. Dommage, la cathédrale est fermée et le centre-ville ne m’inspire pas beaucoup. Après avoir traîné une heure dans les rues, je me décide à partir vers le gîte recommandé par Laurence, à Santa Cruz de Bezana.

10 kms de sortie de ville, un peu monotones, mais ça fait aussi partie du Chemin ! Arrivée à 16h30 dans un petit gîte donation très sympa et cosy où Laurence m’a réservé une place. Après le repas commun, Nieves, la propriétaire du gîte, la quarantaine énergique et le caractère bien trempé, va nous faire voter l’heure du réveil. Elle nous fera aussi un briefing détaillé à l’aide d’une carte pour nous donner les meilleures options pour le lendemain.

Après une partie d’échecs difficilement gagnée contre Jody, l’Australienne, je vais me coucher, installé sur un canapé peu confortable dans le salon.

 

Jour 11 | 10 octobre 2019

Santa Cruz de Bezana – Caborredondo (29 kms / 6h30)

Départ à 7h40, avant le lever du soleil, en compagnie de Nicole, une pèlerine autrichienne.
Nous suivons de façon appliquée tous les conseils de Nieves pour raccourcir au mieux ce début d’étape inintéressant : lignes droites plus directes, trajet en train pour une petite station pour traverser une rivière et éviter un détour de plusieurs kms, abandon momentané du Chemin pour éviter une bifurcation vers une zone commerciale,…

Après 23 kms et plusieurs zones industrielles nous arrivons à Santillana del Mar, un magnifique petit village médiéval (« village aux mensonges »). C’est sans aucun doute le plus beau village que j’ai vu depuis le départ.
Nous décidons de déjeuner sur place avant de visiter le village.

Au moment de repartir, nous croisons Patricia, l’Argentine, avec une autre pèlerine. Nous nous retrouverons 1h30 plus tard à l’auberge donativo du soir, avec Jodie et André, un Suisse croisé il y a deux jours… bref, le Chemin !

Bel endroit chaleureux, lits avec couettes et dîner simple, chaleureux et cosmopolite; je suis le seul francophone, entouré par 5 germanophones, 3 anglophones, 3 hispanophones et une Russe. Mais c’est assez sympa aussi pour moi de pouvoir « jongler » entre les quatre langues que je maîtrise peu ou prou, à savoir le français, l’espagnol, l’anglais et l’allemand.

A 21h30, le dortoir… s’endort. Tout le monde semble épuisé, sauf moi !

 

Jour 12 | 11 octobre 2019

Caborredondo – Serdio (35 kms / 7h30)

Magnifique journée ensoleillée !

Nous démarrons en groupe, juste avant 8h, au petit jour. Petit à petit, le groupe s’effiloche et je marche devant avec Hendrik, un grand et jeune Allemand, pendant 1h30. Nous arrivons assez vite sur des paysages magnifiques de falaises en bord de mer.

Au bout de 3h15 de marche (16 kms) nous arrivons avec Patricia dans la magnifique ville de Comillas ; visite de la vieille ville, achat de quelques fruits au marché, ainsi que de nouveaux embouts pour bâtons de marche… et une belle « tortilla de patatas » sur la terrasse d’un café.

A la sortie de la ville, Brien, un Américain de 61 ans, nous informe que nous avons manqué le « Caprice de Gaudi », une des premières maisons créées par l’architecte catalan. Nous retournons sur nos pas pour faire la visite de ce chef d’œuvre.
Redémarrage à 12h45, pour 12 kms vers San Vicente de la Baquera.

Nous décidons de couper en marchant sur cette longue plage. A 2 kms de la ville, je laisse Patricia filer et m’installe sur un coin de plage peu fréquenté : baignade, picnic et bronzage au soleil !

Je repars ensuite pour deux petites heures de marche jusqu’à l’auberge municipale de Serdio. J’y retrouve une partie du groupe de ce matin : Patricia, Hendrik, Brien et Valentina, la Russe. Nous nous retrouverons pour un dîner au bar du coin. Jodie et David, eux, arriveront un peu plus tard.

Un seul point un peu inquiétant : j’ai une douleur assez vive au niveau des lombaires…

A suivre…

FIN DE L’ETAPE II

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