Compostelle III | « Via de la Plata » | Jour 0 | 4 octobre 2021 | Lyon – Séville

Me revoici en route sur le Chemin de Compostelle. Cette fois pour 25 jours de marche et près de 600 km. Mon périple sur la « Via de la plata » (la route de l’argent) me mènera de Séville jusqu’aux environs de Zamora (après Salamanque).

Cette version du Chemin va jusqu’à Astorga où il fusionne avec le Camino Frances pour rejoindre Compostelle. (Même si cette fois-ci je n’irai pas jusqu’au bout). En revanche je suis ravi de suivre un parcours 100% en Espagne et j’ai l’intention de mener cette troisième édition pour moi sur un rythme plus calme, en étant moins concentré sur ma performance et le nombre de kilomètres parcourus.

Mais tout d’abord il me faut faire toute une journée de voyage et de transit pour me rendre à Séville. Gros décalage à mon arrivée : de 8° à Lyon à 25° en soirée à Séville ! Ma polaire et ma veste ne semblent pas vraiment de saison là-bas…

Après m’être installé dans une très jolie auberge de style andalou, je vais dîner de tapas, dans une rue très passante et animée. Quel changement d’ambiance par rapport à Lyon, un vrai dépaysement ! La « Via de la Plata » débutera demain, après une bonne nuit de récupération…

 

Compostelle III | « Via de la Plata » | Jour 1 | 5 octobre 2021 | Séville – Guillena (22 km)

J’ai passé cette première matinée de mon périple à visiter Séville avec un guide : la ville est superbe et l’atmosphère vraiment douce.

A 13h départ en direction de Guillena, avec déjà une petite dizaine de kilomètres dans les pattes ! Comme souvent, la sortie d’agglomération est longue et peu agréable.

Ensuite, route en terre toute droite sur près de 10 km.Entretemps, sur la commune de Santiponce, visite des vestiges romains de l’ancienne ville romaine d’Italica, avec un amphithéâtre magnifique… le tout sous une température de plus de 30°…

Je ne vous cache pas que la bière dégustée à l’arrivée m’a semblé bien méritée!

 

Compostelle III | « Via de la Plata » | Jour 2 | 6 octobre 2021 | Guillena – Castilblanco de los Arroyos (18 km)

Sortie du gîte à 8h30 tapantes, (dernier délai donné par l’aubergiste !) en compagnie de deux sympathiques pèlerins belges, Christian et Jacques.

Très jolie étape qui amène à traverser des orangeraies et oliveraies, au milieu du bétail en liberté … le tout sous un chaud soleil andalou (>30°). Arrivée en début d’après-midi dans ce gros village de Castilblanco de los Arroyos. (A ne pas confondre avec Castilblanco tout court, son homonyme dans la commune d’Estrémadure, plus au nord.)

Auberge familiale très mignonne avec un patio typique de la région. Déjeuner et dîner tardifs à la mode espagnole et à des prix défiant toute concurrence ! En somme, une petite étape tranquille avant celle plus exigeante de demain…

 

Compostelle III | « Via de la Plata » | Jour 3 | 7 octobre 2021 | Castilblanco de los Arroyos – El Real de la Raja (26 km)

A l’aube, avec mes compagnons belges, nous avons décidé de nous épargner les 15 km de route inintéressantes et avons donc pris un taxi pour pouvoir démarrer directement à l’entrée du parc « Finca El Berrocal », un magnifique domaine d’exploitation des chênes-lièges, baignant dans une lumière magique du lever du jour.

Il faut que je vous avoue que les arbres que j’avais pris hier pour des oliviers étaient en fait des chênes-lièges ! On en apprend tous les jours 😉

A la sortie du domaine, les chênes ont commencé à cohabiter avec les pins maritimes.

Après une sérieuse montée, redescente vers le village de Almadén de la Plata. Nous achetons quelques fruits et remplissons nos gourdes, puis repartons en direction de notre village étape situé 14 km plus loin. Sous un soleil de plus en plus chaud, nous avons rencontré tour à tour des brebis et leurs agneaux, des chèvres et leurs chevreaux et plein de cochons Pata negra avec leurs porcelets, en liberté et très curieux de nous, surtout pendant notre picnic… Une biche à même traversé notre sentier juste devant moi, avant de s’éclipser dans les taillis.

L’arrivée à El Real de la Jara (village de la ciste royale) s’effectue après une longue et très raide montée d’un km puis de près d’une heure de marche sans ombre.

Arrivés vers 14h30, après la douche et une rapide lessive, nous profitons de la chaleur andalouse pour nous désaltérer d’une bière et déguster des tapas… Ce soir, menú del peregrino devant le match France / Belgique avec les camarades… ça promet !

 

Compostelle III | « Via de la Plata » | Jour 4 | 8 octobre 2021 | El Real de la Raja – Monesterio (21 km)

Nous quittons notre gîte avant la levée du jour pour profiter de la fraîcheur. Après un copieux petit déjeuner dans un bar typique du village, nous partons sur le chemin à la lampe frontale.

Quelques centaines de mètres plus loin sur un joli chemin, nous quittons l’Andalousie et entrons dans la communauté autonome d’Estrémadure. Les paysages changent un peu, les murets en pierres deviennent la norme, mais la chaleur reste la même.

Nous arrivons peu après midi à Monasterio, qui semble être la capitale du jambon ! Un automobiliste s’arrête au rond-point et nous demande la faveur de pouvoir nous prendre en photo ! Quelles stars !

La Via de la Plata est un chemin assez désert qui comporte peu de possibilités d’hébergement.  Ainsi, il propose naturellement des étapes courtes, ce qui me force à être raisonnable !

Après la douche, une bière et le Menú del día, sans omettre de nous reposer un peu, nous filons en fin d’après-midi avec mes confrères belges au musée du jambon, cela ne s’invente pas !

Pour le dîner, nous retrouvons nos trois compères espagnol pour dîner dans un bon restaurant. Notre groupe de six est constitué, un groupe WhatsApp créé, et les échanges alternent entre espagnol, anglais et français.

Rendez-vous est pris dimanche pour la finale de la Ligue des nations de l’UEFA entre l’Espagne et la France : une tournée de bières est en jeu !

Jacques est un peu fatigué et n’est pas venu avec nous au restaurant. J’entends de sa bouche une formule belge qui m’interpelle, parce que très juste et pleine de sagesse, notamment pour quelqu’un qui s’intéresse comme moi aux croyances. Il dit : « je ne sais pas faire 40 km par jour »; contrairement à nous, les Belges font une différence entre « pouvoir » et « savoir », comme si la distance n’était pas atteignable, non pas par manque de capacités, mais pour n’avoir pas encore trouvé le moyen de le faire. À méditer.

 

Compostelle III | « Via de la Plata » | Jour 5 | 9 octobre 2021 | Monesterio – Fuente de Cantos (21 km)

Encore cette fois, un départ d’étape à l’aube et à la fraîche !

Une première moitié d’étape très jolie, sur fond de soleil levant, suivie d’une deuxième partie plus aride et exposée au soleil.

Comme d’habitude, je suis parti avec mes deux compères belges, puis je les laisse marcher devant pour savourer le plaisir d’être un peu seul.

Peu avant midi, nous nous arrêtons à l’ombre d’un mur de pierres pour nous concocter un casse-croûte avec les produits achetés la veille : Jamón ibérico et fromage de brebis.

Nous arrivons vers 13h dans le seul établissement ouvert où il est possible de loger : un hôtel modeste, à la literie grinçante et peu confortable.

Toute la troupe s’y retrouve : Christian et Jacques, mes compères belges, les trois espagnols Sergio, Miguel-Angel et Goyo (Gregorio), ainsi que Suzanne et Grace (de Nouvelle-Zélande) qui marchent ensemble. Il y a aussi une espagnole assez mystérieuse et solitaire que nous croisons depuis quelques jours. En fait, toutes ces personnes parties le même jour et donc se retrouvent inlassablement !

Nous passons une après-midi paresseuse dans cette bourgade sans intérêt, suivie d’un dîner joyeusement animé entre nous, les six gars du Chemin !

 

Compostelle III | « Via de la Plata » | Jour 6 | 10 octobre 2021 | Fuente de Cantos – Zafra (24 km / 6h)

Après une nuit très inconfortable pour avoir dormi sur des matelas aux ressorts très proéminents, nous partons vers 7h30 en direction de Zafra.

Pour cette étape plate et sans ombre pour nous mettre à l’abri, nous bénéficions tout de même d’un petit vent frais dans le dos qui rend le soleil bien plus supportable.

Le parcours est bordé de vignes (pour le fameux vin de l’Extremadura) et d’oliviers, dont c’est la période de récolte.

À sept kilomètres de l’arrivée, nous faisons,  toujours avec mes compères belges, un casse-croûte à l’ombre d’un amandier.

Trois kilomètres plus loin, nous découvrons un cactus avec des figues de barbarie tout à fait mûres : nous allons nous régaler, mais aussi garder plein d’épines sur les lèvres et les doigts !

A l’arrivée à Zafra, nous retrouvons toute la troupe dans une très belle auberge de type monastère.

Puis douche, visite de la ville et de ses intéressants monuments, dîner… puis match Espagne/France pour la finale de Ligue des nations de l’UEFA … Résultat 2 à 1 ! Ouf.

 

Compostelle III | « Via de la Plata » | Jour 7 | 11 octobre 2021 | Zafra – Villafranca de los Barros (20 km)

Départ à 7h45 pour une étape courte et assez facile.

Ce matin nous avons dit au revoir à Grace, notre pèlerine néo-zélandaise qui rentre aujourd’hui à Séville.

Parti avec le petit groupe, je me laisse rapidement glisser en queue de peloton pour pouvoir marcher seul et penser.

Après un beau lever de soleil, nous marchons à nouveau sur un sentier bordé de vigne et d’oliviers. On ne s’en lasse pas !

Nous arrivons peu après midi à destination, à Villafranca de los Barros où nous partageons une bière avec Christian et Jacques qui partent pour Merida en train pour y rejoindre des amis. Nous convenons de nous y voir jeudi matin, au moment de quitter la ville.

Maintenant entouré de mes trois compères ibériques, je me retrouve, pour mon plus grand plaisir, en stage intensif d’espagnol.

Et pour la première fois depuis le début de ce voyage, c’est moi qui cuisine le dîner… qui sera suivi par un verre de Pacharan, un alcool de prunelle sauvages.

Les choses sérieuses et les étapes longues vont commencer après Merida.

 

Compostelle III | « Via de la Plata » | Jour 8 | 12 octobre 2021 | Villafranca de los Barros – Torremejia (27 km / 6h)

Nous parcourons aujourd’hui une étape plus longue que ces derniers jours, mais en revanche très monotone : 26 kilomètres de ligne droite, le tout sans ombre, malgré que le chemin soit bordé de vignes et d’oliviers.

Après avoir cuisiné les œufs au bacon pour le petit déjeuner, nous nous mettons en route vers 8h et quittons Villafranca de los Barros.

Après 6 heures d’une marche soutenue, nous arrivons à Torremejia, un petit bourg de 2000 habitants, perdu au milieu de la campagne.

Douche, sieste… et dîner tous ensemble… un grand classique ! Demain sera plus intéressant, car nous arriverons à Merida, capitale de l’Estrémadure, et dont le site archéologique est inscrit au patrimoine de l’UNESCO.

 

Compostelle III | « Via de la Plata » | Jour 9 | 13 octobre 2021| Torremejia – Merida (15 km / 3h30)

Parti de l’auberge peu après 7h, l’étape commence par un long sentier en bord de route. J’arrive à Mérida en fin de matinée, en traversant le mythique et magnifique pont romain. Je retrouve mes amis espagnols et nous partageons un petit déjeuner tardif vers 11h30.

De 12 h à 17h, j’ai fait la visite de cette très belle ville qui regorge de vestiges romains : aqueducs, théâtre et amphithéâtre, cirque (pour les courses de chars), temples, etc. Un régal.

Après une courte sieste, nous retrouvons Christian et Jacques (et leurs amis de passage) dans un restaurant proposant pour dîner un plat de viande gargantuesque !

Au retour à l’hôtel, embrassades avec Miguel et Goyo qui ont toujours des ampoules et qui ne feront qu’une courte étape.

Avec les amis Belges et Sergio, nous partons demain à 6h30 pour une série de trois étapes de 35 kilomètres par jour en moyenne: les choses sérieuses commencent !

 

Compostelle III | « Via de la Plata » | Jour 10 | 14 octobre 2021 | Mérida – Alcuéscar (34 km / 7h30)

Nous partons de l’hôtel à 6h30 et traversons Mérida de nuit pour profiter au maximum de la fraîcheur, dans la perspective de cette longue étape.

Après 1h30 de marche nous arrivons au barrage de Proserpina, pile au bon moment pour le découvrir sous les premières lueurs du jour.

Ce barrage a été créé par les Romains pour alimenter la ville de Mérida par de grands aqueducs.

Nous marchons encore environ deux heures dans un paysage qui ressemble fort à la garrigue avec des troupeaux de moutons en liberté.

Nous arrivons à Aljucén peu après 10h pour y prendre un solide petit déjeuner : tostadas au fromage de brebis (très grosse tartine de pain grillé avec de la tomate de l’huile d’olive) et énorme tortilla española (Omelette de pommes de terre aux oignons).

Nous reprenons la route après une bonne demi-heure de pause pour plus de quatre heures de marche en montée constante et sous le soleil.

Les paysages changent avec une terre très rouge par endroits et des gros blocs de granite de style un peu breton.

Nous arrivons à Alcuéscar vers 14h30 dans un petit hôtel pas terrible.

Comme il n’y a pas grand-chose à voir dans ce petit village un peu perdu, après une bière et une légère collation, nous optons pour une bonne nuit de sommeil, car demain nous attaquons une deuxième grande étape exigeante.

 

Compostelle III | « Via de la Plata » | Jour 11 | 15 octobre 2021 | Alcuéscar – Cáceres (38 km / 8h)

Une journée parfaite !

A 6h30 déjà, nous quittons sans regret notre hôtel de Los Olivos (bruyant, pas très sympathique et dont les robinets dispensent une eau ferrugineuse marron et impropre à la consommation !)

Et nous voilà donc partis pour deux heures de marche à la lampe frontale, au bord de la route et sous un  beau ciel étoilé.

Au bout de 9 kilomètres, nous passons à un paysage de garrigue sèche. Un chien blanc fait une partie du Chemin avec nous.

Après 26 kilomètres, aux alentours de midi, nous faisons notre première pause pour un déjeuner rapide dans un sympathique café de village.

Il ne nous reste plus que 12 kilomètres à parcourir pour rallier Cáceres.

Et c’est donc après un total de huit heures de marche que nous arrivons dans cette ville fortifiée et inscrite au patrimoine de l’Unesco.

Nous nous installons dans cette auberge très sympa, propre et avec une vraie douche efficace !

Après une brève sieste réparatrice, nous allons déambuler dans les ruelles de cette ville somptueuse.

Nous tombons par hasard sur le tournage d’un film d’époque, avec des charrettes, des gueux, des animaux des décors de cinéma et des caméras à tous les coins de rue !

Après une bière bien méritée en terrasse, nous avons dîné dans un très bon petit restaurant recommandé par notre aubergiste.

Nous repartirons demain à l’aube pour notre troisième « grande étape » de plus de 30 kilomètres…

 

Compostelle III | « Via de la Plata » | Jour 12 | 16 octobre 2021 | Cáceres – Embalse de Alcántara (34 km / 7h30)

Comme d’habitude pour ces longues étapes nous quittons notre auberge à 6h30 déjà. Nous traversons la ville de Cáceres encore endormie et marchons à la lampe frontale pendant plus d’une heure en file indienne au bord d’une route fréquentée.

Juste avant la commune de Casar de Cáceres, nous pouvons observer un lever de soleil magnifique. Nous nous mettons à la recherche d’un endroit pour nous restaurer dans cette ville où tout est encore calme. On me dit que le seul endroit ouvert est une Churreria (un café typique où l’on fait des Churros – beignets de pâte allongée).

J’ai retrouvé Sergio pour déguster un excellent Bocadillo (sandwich) à l’omelette-jambon. Mais mes amis Belges ont filé devant sans avoir repéré le bar où ils devaient nous rejoindre. Aïe, ils ne trouveront rien à manger avant le dîner !

Dès la sortie du village, les paysages sont spectaculaires avec une végétation aride, des murets en pierres, des blocs de granite et des troupeaux de brebis. On se croirait dans l’Aubrac.

Comme hier je marche en écoutant des leçons d’espagnol et de la musique… espagnole.

À 10 kilomètres de l’arrivée, nous retrouvons les Belges qui nous attendent sur un lieu de picnic. Je leur partage quelques rondelles de saucisson et du pain. L’étape se finit par 7 kilomètres de route en dévers (inclinée et donc très pénible pour marcher) le long des lacs artificiels créés par le barrage hydroélectrique d’Alcántara. (Le deuxième plus grand réservoir artificiel d’Europe tout de même…)

Sachant que l’auberge était fermée, nous avons commandé un taxi pour nous véhiculer jusqu’au village suivant, Cañaveral. Demain, nous reprendrons le taxi pour revenir au point du chemin que nous avons laissé la veille.

Nous essuyons pour la première fois quelques gouttes de pluie en soirée, partons dîner tous les quatre pour finir avec un verre de Pacharan (alcool de prunelle espagnol).

Histoire de fêter les près de 119 kilomètres parcourus en 3 jours.

 

Compostelle III | « Via de la Plata » | Jour 13 | 17 octobre 2021 | Embalse de Alcántara – Grimaldo (20 km / 4h30)

C’est la journée charnière de mon parcours : autant de jours déjà marchés qu’à marcher encore. Une journée de récupération aussi, avec seulement 20 kilomètres à avaler et avec en perspective ce mardi, l’étape-reine de près de 40 kilomètres à parcourir d’un trait sans rien rencontrer !

Le départ a été un peu chaotique ce matin : Sergio m’a d’abord indiqué que j’avais oublié mon câble de téléphone puis, une fois arrivé à la Churrería pour le petit déjeuner, je me suis rendu compte que j’avais également oublié mes deux gourdes d’eau laissées au réfrigérateur la veille ! J’ai été bon pour un aller-retour à l’auberge, heureusement située juste à côté.

Après que le taxi nous a déposés à 8h30 au point où nous l’avions pris hier (Embalse de Alcántara), nous démarrons par un joli chemin qui remonte au-dessus du barrage.

Avec la pluie de la nuit, la végétation dégage une sorte de climat tropical assez désagréable : il fait donc gris et moite.

J’ai l’impression d’être un peu mou, de ne pas avancer. Du coup, j’ai décidé de mettre Véronique Sanson à fond dans mes oreillettes : bonne idée, ça m’aide à retrouver de la vigueur et de la vitesse !

Puis après 2 heures et 30 minutes de marche dans la garrigue au milieu de troupeaux, la pluie fait son apparition pour la première fois du parcours. Nous sortons les ponchos et allons passer 1 heure et demie sous une pluie fine… finalement plus agréable que la moiteur des heures précédentes !

Nous arrivons vers 13 heures dans une chambre d’hôtes superbe.

Lessive commune, suivie d’une bière réparatrice et d’un déjeuner copieux et simple, puis… pas moins de 3 heures 30 de sieste, presque jusqu’à l’heure du repas du soir !

Il faut dire que j’avais très mal dormi dans ce dortoir (pourtant l’auberge était tout à fait bien) à cause de la chaleur.

Pour demain il est prévu qu’il pleuve toute la journée…

 

Compostelle III | « Via de la Plata » | Jour 14 | 18 octobre 2021 | Grimaldo – Carcaboso (31 km / 7h)

Ce matin nous avons profité du luxe confortable de notre chambre d’hôtes et avons savouré un long petit déjeuner.

Nous quittons donc Grimaldo à 8h et constatons avec plaisir que finalement, contrairement à ce qui avait été annoncé, il ne pleut pas. Bonne nouvelle !

Nous commençons par une vingtaine de kilomètres de traversée d’un paysage verdoyant, parmi les genêts et les chênes-lièges. Dans les sous-bois nous croisons quelques troupeaux en liberté, dont plusieurs taureaux aux longues cornes !

Nous arrivons à Galisteo vers midi. A l’entrée de ce village fortifié, nous nous arrêtons pour prendre un verre et quelques tapas… le tout pour la modique somme de 1,60€ ; je n’en reviens toujours pas !

Nous visitons le centre de Galisteo, beaucoup plus joli de l’extérieur que de l’intérieur, avant de repartir pour notre prochain village d’étape : Carcaboso.

Onze kilomètres kms d’une route monotone et inintéressante, au soleil, nous attendent.

À l’arrivée, nous rejoignons Sergio dans cette auberge vraiment moyenne.

Après le rituel d’installation, nous partons avec mes amis Belges pour faire les courses car nous avons décidé de cuisiner ce soir.

En attendant, nous prenons un verre avec Sergio qui préfère dîner au bar.

Nous parlons de la longue étape de demain : l’étape « reine » et ses 38 kilomètres à parcourir d’une traite.

Après le dîner, l’aubergiste vient nous annoncer une triste nouvelle : Sergio a perdu connaissance dans le bar pendant le repas. Il a été conduit à l’hôpital en ambulance pour observation. Quelques minutes après, Sergio m’envoie un message rassurant : il va mieux mais restera pour la nuit en observation. Il nous demande de confier ses affaires à l’aubergiste et nous indique qu’il sera sans doute plus raisonnable qu’il rentre chez lui ensuite.

Demain, nous prendrons donc le chemin de l’étape « reine » sans lui, non sans lui avoir souhaité de tout cœur un prompt rétablissement.

 

Compostelle III | « Via de la Plata » | Jour 15 | 19 octobre 2021 | Carcaboso – Aldeanueva del Camino (39 km / 10h)

Notre compagnon Sergio est finalement rentré dans le dortoir ce matin à 2h. Tous ses examens sont négatifs, l’hôpital l’a donc relâché, tant mieux ! Il va se reposer une journée à Carcaboso et reprendre le Camino avec les Espagnols qui arrivent derrière. Nous sommes heureux et soulagés pour lui.

Du coup, ce fut une nuit très courte dans cette auberge un peu sale, où tout est collant… et dans laquelle j’ai mal dormi.

Pour ma part je démarre cette étape à 6h45, en pleine nuit, après avoir mangé les restes du dîner et emporté avec moi 1,5 litre d’eau supplémentaire car il n’y a rien pour se ravitailler sur les dizaines de kilomètres de ce parcours. A la sortie du bourg, dans le noir, je rate le raccourci et suis donc parti pour 39 kilomètres au lieu de 37.

Peu de temps après, toujours de nuit, une portail verrouillé barre le chemin. J’essaie de contourner la propriété par un autre chemin. Je me rends vite compte que je m’éloigne du trajet ; je décide donc d’escalader  le portail… juste avant de me rendre compte que la chaînette n’est pas verrouillée, mais seulement crochetée. Ouf !

Après le lever du jour, je parcours un très beau morceau d’étape dans les sous-bois avec des prairies verdoyantes et d’énormes blocs de granite. Je croise comme chaque jour des troupeaux, mais je réalise que cela fait plusieurs étapes que nous voyons plus de cochon en liberté.

A 11h15, après 20 kilomètres et 4h30 de marche, je découvre l’arc (Arco), qui symbolise la Via de la Plata, sur le site archéologique romain de Cáparra. Quarante-cinq minutes de visite (et de pause) plus tard, je repars avec les Belges, qui entre-temps m’ont rejoint.

Les 19 kilomètres restants sont moins jolis, plus arides, souvent sous le soleil et la chaleur et en bord de route.

Heureusement, vers la fin du parcours, le chemin bifurque dans des sous-bois… Le bon moment pour me poser contre une pierre et me connecter par téléphone avec Lucie à propos de l’appel d’offre de École Nationale Supérieure de Sécurité Sociale (EN3S) !

Le timing est parfait, car les Belges déboulent juste au moment où la réunion se termine.

Nous finissons la route ensemble, arrivons à 17h dans une auberge super-propre et en profitons pour faire une lessive commune.

Bière, repos et dîner copieux ponctuent cette étape. Demain parcours de récupération de seulement 21 kilomètres.

   

 

Compostelle III | « Via de la Plata » | Jour 16 | 20 octobre 2021 | Aldeanueva  del Camino –  La Calzada de Béhar (21 km / 5h30)

Une étape très belle et tranquille pour aujourd’hui.

Ce matin nous avons pris notre temps et profité des bons lit de l’auberge pour nous reposer ; du coup, départ tardif vers 8h30. Après le petit déjeuner à la Churreria, Christian s’est rendu compte qu’il avait oublié sa sacoche à l’auberge qui était fermée : petit retard supplémentaire d’un quart d’heure !

Le début de l’étape n’est pas très riant, avec près de 10 kilomètres sur la route sans accotement.

Arrivés à Baños de Montemayor, nous faisons un rapide tour de cette petite ville thermale, jetant un œil aux anciens thermes, puis nous décidons de prendre un café/thé en terrasse.

Nous redémarrons par une jolie montée ombragée sur un pavement romain. Après une longue côte nous descendons un sentier dans les bois avec des paysages et des températures qui nous rappellent l’automne de chez nous (les températures ont commencé à baisser significativement).  Les chênes-lièges ont été remplacés par des chênes verts, des frênes, des châtaigniers, des églantiers et autres sorbiers des oiseleurs (liste fournie par mon collègue Christian !).

Après quelques kilomètres, nous quittons la communauté autonome d’ Estrémadure pour entrer dans la région de Castille-et-León.

Nous traversons d’abord un ruisseau, puis remontons tranquillement vers notre village étape qui apparaît soudain au bout du sentier. C’est un tout petit village, avec une auberge rurale, gérée par Manuela et son mari qui tiennent aussi le bar du village.

Nous nous régalons d’un repas « cuisiné maison » en attendant avec impatience celui du soir !

 

Compostelle III | « Via de la Plata » | Jour 17 | 21 octobre 2021 | La Calzada de Béjar – Fuenterroble de Salvatierra (20 km / 5h)

Finalement (je me suis emballé un peu trop vite) le dîner au bar n’était pas aussi bon que le repas de l’après-midi ; et le petit déjeuner plutôt médiocre ; les petits aléas et surprises du Chemin !

Nous sommes partis à 8h15, au lever du jour, dans une fraîcheur que nous n’avions pas encore rencontrée. Du coup la veste polaire n’était pas de trop, et nous mettrons sans doute aussi bonnet et gants demain, au moment où de nous élever à 1100 m d’altitude !

Nous assistons à un très beau lever de soleil sur ce chemin traversant des pâturages bordés de chênes.

Le reste du parcours se fait très tranquillement sur de beaux sentiers entre des murets de pierres sèches.

Quelques troupeaux bovins et la compagnie de quelques cochons, ça faisait longtemps !

Vers 13h15, nous arrivons dans une auberge paroissiale « donativo » plutôt sympa.

A 950 mètres d’altitude l’après-midi sera ensoleillé mais frais.

Nous ne sommes plus qu’à deux jours de Salamanque.

 

Compostelle III | « Via de la Plata » | Jour 18 | 22 octobre 2021 | Fuenterroble de Salvatierra – Morille (30 km / 6h30)

Depuis deux jours, notre groupe de trois s’est étoffé pour passer à quatre pèlerins : en effet, Wolfram, un Allemand âgé de 70 ans, fait maintenant le parcours avec nous. Mais il ne parle qu’allemand ; ça me donne donc une langue de plus à traduire, qui s’ajoute à l’espagnol pour les Belges.

Un début d’étape très brumeux ce matin, sans lever de soleil. Nous sommes partis à 8h et avons vécu une matinée très froide aujourd’hui sur ce parcours à près de 1000 m d’altitude ; nous avons gardé gants, bonnets et vestes polaires jusqu’à midi. Cette sensation de froid était encore aggravée par un vent du nord de face toute la journée.

Au début le paysage ressemblait un peu à l’Aubrac, puis vers 10h, avec l’arrivée timide du soleil, le décor est devenu plus verdoyant.

Et toujours autant de troupeaux en liberté…

Nous sommes à la recherche d’un bar pour nous réchauffer. Le premier village que nous rencontrons, Pedrosillo de los Aires, est désert. Dans le deuxième, Monterrubio de la Sierra, nous tombons sur un bar improbable et désert, une sorte de taverne poussiéreuse remplie de vieux objets hétéroclites. Il est tenu par un papy qui ne semble guère s’intéresser à ces clients. L’eau pour le café n’étant pas chaude, nous optons pour 4 bières !

Le parcours se termine par 10 kilomètres de route déserte, toujours avec le vent froid de face.

A 4 kilomètres de l’arrivée, nous assistons au travail de chiens bergers qui organisent, regroupent et guident avec efficacité un important troupeau de brebis.

Nous arrivons à Morille à 14h30 : nous sommes seuls dans l’auberge municipale, dont les clefs se trouvent au seul bar de ce village d’une petite centaine d’habitants.

Déjà plus de 500 km parcourus depuis Séville… et nous ne sommes qu’à 20 kilomètres de Salamanque.

 

Compostelle III | « Via de la Plata » | Jour 19 | 23 octobre 2021 | Morille – Salamanque (19 km / 4h)

Départ de l’auberge à 8h15 sous un froid de canard, nous avons donc rajouté une couche pour nous protéger de cette atmosphère glaciale (polo thermique à manches longues, veste polaire et veste coupe-vent). Il y a même du givre dans les champs à la sortie du village… une première depuis Séville !

Mais aujourd’hui un soleil franc, sans un voile, se lève et nous réchauffe rapidement. Et la pleine lune est toujours présente.

Après 1h15 de marche, sur les hauteurs, entre chênes-lièges, murets et troupeaux en liberté, nous apercevons déjà Salamanque au loin.

Nous descendons en direction de la plaine : grandes prairies et champs labourés. Nous rapprochant, après une courte montée sur un large chemin de terre, apparaît la majestueuse Salamanque.

Mes amis belges, qui avaient pris un peu d’avance, m’attendent sur un banc au soleil à l’entrée de la ville.

Notre auberge donativo est idéalement placée, juste au pied de la cathédrale et jouxte un très joli jardin qui domine la ville.

Nous allons repousser la douche pour profiter au maximum des trésors de cette ville sublime.

Ici tout est beau : les bâtiments, les églises, les cloîtres, les rues et les ruelles… Nous visitons la Clerceria et l’université pontificale, montons aux deux tours qui surplombent la ville et ses toits en tuiles. Puis la Cathédrale, sous toutes ses coutures, (l’ancienne et la nouvelle construite sur son flanc), ainsi que la « Casa de las Conchas » (la Maison aux coquillages, avec les coquilles Saint-Jacques comme élément décoratif).

Nous passons devant le fameux portail de l’Université (et avons trouvé la fameuse grenouille !), le Convento de San Esteban et finissons par savourer une bière sur la Plata Mayor… De retour à l’auberge vers 19h30, après la douche et l’installation, nous repartons dîner et profiter du Salamanque « by night ».

 

Compostelle III | « Via de la Plata » | Jour 20 | 24 octobre 2021 | Salamanque – El Cubo de Tierra del Vino (38 km / 8h)

Après le faste de la veille, une journée longue, monotone et assez peu intéressante ; voici le résumé de cette étape.

Nous sommes partis à 8h de l’auberge dans le froid du petit matin de Salamanque (3°).

Tout d’abord une sortie de ville assez rapide, puis nous avons entamé cette longue étape, qui cheminait le long de l’autoroute sur plus de 30 kilomètres.

La bonne nouvelle est que le temps était parfait, ensoleillé mais pas trop chaud.

La soirée a été beaucoup plus sympathique : nous sommes arrivés dans un gîte confortable et avons été accueillis par un hôte truculent et très sympathique.

Nous avons commencé par aller boire une bière dans le bar du coin et sommes tombés au beau milieu de la retransmission du derby Barcelone vs Madrid au foot : apparemment tout le village était présent dans le bar, plutôt sympa !

Ensuite, nous avons dîné au gîte avec deux Brésiliens, un délicieux repas préparé maison et commenté  par notre hôte… nous voilà récompensés de notre journée.

Demain, Jacques, qui souffre de grosses ampoules au pied, ralliera Zamora en bus. Le jour suivant, mes deux compères belges prendront une journée de repos à Zamora. Je repartirai donc seul mardi matin, une journée plus tôt que prévu.

 

Compostelle III | « Via de la Plata » | Jour 21 | 25 octobre 2021 | El Cubo de Tierra del Vino – Zamora (32 km / 7h)

Démarrage à 8h15, les gants et les bonnets sont toujours de rigueur !

L’étape d’aujourd’hui est assez plate et longe des champs de céréales, mais sans être en bordure de l’autoroute, ce qui est appréciable.

Jacques étant parti en bus, nous ne sommes que deux à marcher, avec Christian.

Le bar du premier village traversé était fermé ; nous faisons donc, vers midi, un crochet par Barcial del Barco pour y prendre un solide en-cas.

La fin de l’étape se déroule tranquillement… nous retrouvons Jacques à l’auberge où nous sommes « accueillis » de façon très particulière : reculez, enlevez vos chaussures, prise de température et annonce du règlement intérieur.

Ensuite nous allons visiter cette jolie petite ville romane de Zamora : cathédrale, châteaux, églises et places publiques… Nous trouvons un sympathique restaurant sur la Plaza Mayor pour célébrer notre dernier dîner ensemble!

De retour à l’auberge, nous nous faisons reprendre par les hospitalières car « à 22h nous n’avons plus le droit de téléphoner, nous devons être en silence dans nos chambres ». Christian est furieux et annonce déjà qu’il ne donnera rien demain (car c’est donativo, c’est-à-dire que le prix de l’hébergement est au bon vouloir du pèlerin !)

Les aléas du Chemin, avec ses bonnes et ses moins bonnes surprises…

 

Compostelle III | « Via de la Plata » | Jour 22 | 26 octobre 2021 | Zamora – Riego del Camino (37 km / 9h)

Nous quittons à 8h cette auberge à l’accueil incroyablement antipathique : obligation d’être dans nos chambres en silence à 22h (donc sans possibilité de téléphoner), petit déjeuner sous surveillance d’une pionne, invraisemblable et d’un autre âge !

Christian n’a pas décoléré et s’est fendu d’un commentaire assassin sur les réseaux sociaux !

Mes deux amis belges m’ont accompagné jusqu’à la porte de la ville, tout un symbole : embrassades à Ia fois pudiques et chaleureuses.

Et me voilà seul sur le Chemin pour les quatre derniers jours !

La première partie de l’étape est peu intéressante et j’avale les 19 premiers kilomètres d’un seul coup.

Je fais une halte à Montamarta pour manger une part tortilla et une croquette au thon.

À la sortie du village, le paysage change : on aperçoit au loin des montagnes et un champ d’éoliennes. Je traverse un petit cimetière arboré sur un promontoire.

Il fait toujours frais avec un petit vent du nord. Du coup je ne quitterai ma veste coupe-vent que vers 14h30.

J’avais prévu de m’arrêter à Fontanillas de Castro (au bout de 29 kilomètres), mais un peu avant d’arriver, je me rends compte que je vais rater les ruines d’un château à 1 kilomètre de là.

Je bifurque donc et me retrouve peu après sur l’ancienne muraille du château surplombant la rivière : magnifique !

Du coup je décide de contourner mon village étape et de continuer jusqu’au suivant, à Riego del Camino.

Bien m’en prend, puisque je me retrouve seul dans une adorable chambre d’hôtes donativo tenue par une bulgare et un portugais qui se sont rencontrés sur le Chemin ! Les hôtes sont charmants, très attentionnés et nous avons partagé un délicieux dîner cuisiné maison avec les légumes de leur jardin.

Comme quoi d’un jour à l’autre, les choses changent !

Je suis à moins de 100 kilomètres d’Astorga…

 

Compostelle III | « Via de la Plata » | Jour 23 | 27 octobre 2021 | Riego del Camino – Benavente (36 km / 8h30)

Départ à 8h, au lever du jour et après un petit déjeuner super sympa partagé avec les hôtes de cet excellent donativo.

Je profite d’abord du beau lever de soleil, puis progresse d’un pas vigoureux dans la campagne.

Après 7 kilomètres, j’atteins la commune de Granja de Moreruela, qui marque la séparation des deux Chemins : celui qui rejoint le Camino Frances à Astorga (le mien) et celui qui coupe vers Santiago en passant par Orense.

Peu après 11 heures, je m’arrête pour manger un morceau dans un bar typique du village de Santovenia del Esla. À la sortie du village, un vieux monsieur de 89 ans qui revient de son potager avec sa brouette me fait la conversation !

Vers 14 heures, je décide de m’arrêter au bord d’une rivière pour grignoter un bout et lire un peu au soleil. En cherchant un raccourci pour retrouver le chemin, je suis surpris par une loutre qui plonge dans la rivière.

L’arrivée sur Benavente se fait en empruntant une longue ligne droite de sept kilomètres, a priori une ancienne voie de chemin de fer, très jolie.

Au passage d’un pont qui enjambe la rivière, je vois une sorte de héron prendre son bain.

Après avoir pris ma chambre d’hôtel (il n’y a pas d’auberge à Benavente), je visite cette ville simple et profite d’un très beau coucher de soleil sur un passage en surplomb, tout près du château converti en hôtel de luxe Parador… (ce qui me donne des idées pour un prochain voyage avec ma femme).

Demain, dernier coup de rein avec une étape de plus de 40 kilomètres !

 

Compostelle III | « Via de la Plata » | Jour 24 | 28 octobre 2021 | Benavente – La Bañeza  (43,5 km / 10h15 de marche)

Etape « marathon » mais plutôt sympathique. Départ à 7h30 dans la nuit froide de Benavente. La journée commence à la lampe frontale par une grosse heure de route sans accotement et dans l’obscurité.

J’ai choisi de prendre la voie courte qui coupe parfois à travers champs. Je passe près d’une heure au téléphone avec ma collègue Lucie qui revient de week-end prolongé, ce qui me fait passer le temps.

En fin de matinée, je me retrouve sur une route en terre visiblement nouvelle, comme en témoignent les engins de chantier aux alentours : il s’agit d’une longue ligne droite de plus de 5 kilomètres, créé par l’homme. J’ai du mal à m’y retrouver car les anciens chemins ont été supprimés avec la création de ces nouvelles routes.

Vers 12h30, je m’arrête dans un bar pour faire une pause et grignoter un bout : tortilla española et petits beignets de calamars.

Je repars sur de longs chemins ombragés au bord d’un ruisseau.

A 1h30 de l’arrivée, je refais un break pour finir mes olives et mon saucisson !

Le vent a tourné à l’ouest et le ciel se couvre… la pluie annoncée demain semble se confirmer !

J’arrive à 17h45 devant l’auberge fermée après près de 9h de marche effective.

J’appelle le numéro indiqué et la personne me dit d’attendre la voisine qui est avec sa mère !

Trente minutes après, arrive un jeune pèlerin tchèque d’une vingtaine d’années ; nous attendons ensemble sur des bancs.

Une heure plus tard, mon camarade se décide à  aller nous chercher une bière. Finalement, un vieux monsieur viendra nous ouvrir la porte de cette auberge particulière que seuls nous deux occuperons… il était temps, je commençais à avoir froid.

Giry et moi allons faire les courses et cuisiner un repas peu délicat mais nourrissant

Dernière étape demain vers Astorga : 25 kilomètres… (seulement !)

 

Compostelle III | « Via de la Plata » | Jour 25 | 29 octobre 2021 | La Bañeza – Astorga (25 km / 5h30)

Après une nuit de repos dans cette auberge froide (j’ai gardé ma veste polaire, en plus de mon duvet), nous attaquons la journée par un solide petit déjeuner : six œufs brouillés chacun, yaourt, fruits… le tout en prévision d’une étape sans arrêt.

Cette fois, j’attends le lever du jour pour ne pas cumuler pluie et obscurité : départ à 9h.

Bonne surprise pour cette dernière étape, la pluie prévue pour la journée s’est transformée en seulement une heure de bruine.

Je fais les premiers kilomètres d’une traite sous ce ciel gris et frais.

L’étape alterne passages boisés et paysages secs et découverts.

Vers 13h, je m’arrête 20 minutes pour finir mes restes de nourriture : banane, fruits secs et pain.

Peu après la reprise de la marche, arrivé au sommet d’une courte montée, je découvre au loin le double clocher de la cathédrale d’Astorga.

Je termine l’étape tranquillement et file m’installer à l’auberge municipale.

J’enchaîne sur la visite des monuments de cette ville que je reconnais (j’y étais passé sans m’y arrêter en 2017) : Palacio de Gaudí et Cathédrale.

Plus tard dans la soirée, alors que je cherchais un endroit pour dîner, une pèlerine vue un peu plus tôt m’interpelle ; nous décidons de dîner ensemble. Elle est parisienne, très croyante et à créé une entreprise de location de piscine (type AirBnB). Nous commençons le dîner par une dégustation de différents jambons que j’ai achetés.

Puis retour à l’auberge où tout le monde doit être dans sa chambre pour 22h… (Décidément !)

Une fin de parcours qui me semble un peu étrange…

Demain sera consacré au retour à la maison.

 

Compostelle III | « Via de la Plata » | Jour 26 | 30 octobre 2021 | Astorga – Retour à Lyon & conclusions

Une dernière nuit très moyenne dans ce gîte où la solitude de la « Via de la Plata » a été remplacée par la foule des pèlerins du « Camino Francès », qui va de pair avec des dortoirs pleins… et leurs ronfleurs !

En attendant mon bus pour Madrid, je prends mon dernier et long petit-déjeuner avant de faire quelques courses (notamment pour ramener de ces fameux pimientos de Padrón !)

Sur le temps, qui m’a paru long, du trajet en bus entre Astorga et Madrid, je tire un premier bilan de cette pour moi troisième édition du Chemin de Compostelle.

  • Tout d’abord ce Camino a été plus « plat » que les autres, aussi bien au niveau de la topographie qu’au niveau émotionnel ; peut-être que l’habitude joue sans doute un rôle dans ce ressenti, mais ce n’est pas forcément le seul facteur.
  • Ce Camino a également été plus calme et très « masculin » (Y a-t-il un lien entre les deux choses ?) J’ai l’impression que les relations entre hommes sont à la fois plus pudiques et plus superficielles. Du coup, ce parcours a été empreint d’un certain calme, plutôt dans la raison et moins dans l’affect.
  • Des paysages très sauvages et natures, parfois désertiques, ce qui est propice à la méditation et à l’introspection. Un parcours jalonné de très belles villes avec de nombreux vestiges romains.
  • Une édition pendant laquelle j’ai assez peu décroché du quotidien, du fait de nombreux contacts nécessaires avec Lucie pour le travail et avec Raphaële pour la gestion des difficultés de la maison et de nos filles… Une mise au vert donc différente mais pas gênante ; j’apprécie toujours autant cette bulle en dehors du tumulte quotidien et la routine qui y est liée.
  • Deux confirmations rassurantes, je n’ai subi aucun « pépin » physique et mon mental se révèle toujours aussi costaud

Il me reste à remercier tous ceux qui ont rendu ce périple possible, en amont et au cours de ces 26 journées. Merci de vos encouragements, de votre soutien et de vos messages.

Et donc à bientôt, sur le Chemin ?

Stéphane Béguier

#chemindecompostelle #viadelaplata #justwalk #capsurcompostelle #revercible

Pour celles et ceux qui souhaitent s’intéresser plus avant à mes voyages sur le Chemin de Compostelle, je recommande la lecture de « JUST WALK – CAP SUR COMPOSTELLE », que j’ai écrit en 2019.

Renseignements et commandes sur cette page: CAP SUR COMPOSTELLE | REVERCIBLE