Jour 20 | 19 octobre 2019 | Oviedo – Paladín (20 kms / 4h)
ETAPE IV et début du « Camino Primitivo »
Journée particulière, marquée par les retrouvailles avec Andie, mon amie américaine avec qui j’avais fait un sacré bout de chemin lors de mon premier périple pour Compostelle (voir livre JUST WALK). Hélas une journée marquée aussi par une pluie battante et quasi discontinue.
Bus de la gare routière jusqu’à l’aéroport des Asturies. L’avion d’Andie atterrit à 10h10. Retrouvailles chaleureuses. Le prochain bus est à 11h. Arrivés à Oviedo, nous allons d’abord acheter des bâtons pour elle, puis plus tard une cape de pluie, bien nécessaire !
Nous partons ensuite visiter la vieille ville d’Oviedo et la Cathédrale; ce coup-ci je n’oublierai pas de photographier la célèbre statue du Sauveur ! En sortant de la cathédrale, nous sommes saisis par le bruit des coups de canons, tirés dans le cadre d’une reconstitution d’une bataille historique de la ville.
Après un copieux déjeuner, nous quittons la ville sous une pluie consistante pour attaquer 4h de marche ; je retrouve la foulée dynamique d’Andie, vraiment adaptée à la mienne : c’est vraiment sympa de la retrouver et de marcher à nouveau avec elle ; sa présence m’évoque plein de souvenirs !
Les paysages et sentiers sont beaux, mais détrempés. Nous parlons peu car ce n’est guère pratique avec les capes de pluie et aussi parce que nous sommes concentrés sur nos pas.
Nous arrivons vers 18h30, un peu humides, à l’auberge. Installation et dîner très sympas dans une maison d’hôte très confortable.
Les choses sérieuses commencent demain… et on nous prédit de la pluie jusqu’à jeudi (donc cinq jours de suite sous la pluie… on verra bien !
Jour 21 | 20 octobre 2019 | Paladín – La Espina (37 km / 10 h)
Une étape exigeante, avec près de 1400 m de dénivelé, essentiellement en montée !
Départ à 7h50 à la lampe frontale (il fait encore nuit) et sous la pluie. Nos pantalons et nos chaussures ne sont pas complètement secs de la veille, tant pis. Une journée de pluie à nouveau, la deuxième…
Les paysages sont très beaux, les chemins en sous-bois magnifiques, très verts, longeant souvent des torrents. La pluie cesse et reprend par intermittence, nous nous adaptons en mettant et enlevant nos ponchos de pluie.
Nous faisons une première halte petit-déjeuner tardif vers 11h30 (tortilla de patatas), puis la pause déjeuner à 15h seulement, avec un « plato combinado » comprenant salade, blanc de poulet, œufs, etc.
Arrivés à destination vers 18h, nous mettons en place une stratégie pour sécher nos vêtements. Andie a mal aux pieds. Moi, je suis content de prendre une douche chaude mais pas vraiment fatigué ; en fait je me sens en super forme.
Jour 22 | 21 octobre 2019
La Espina – Pola de Allande (38 km / 10h30)
Départ à 7h45 dans la nuit à la lampe frontale sous une pluie fine ; à venir pour cette journée de marche, plus de 1000m de dénivelé !
Tout d’abord, 3h un peu galère de progression lente sur des chemins détrempés par la pluie des derniers jours. Les chaussures d’Andie prennent l’eau : nous nous arrêtons dès la 1ère ville pour lui acheter des chaussures Gore-Tex. Puis dans la foulée petit-déjeuner avec tortilla et «zumo de naranja».
Nous repartons un peu avant midi, mais en n’ayant parcouru que 11 km. Il fait froid aujourd’hui et j’ai bien du mal à me réchauffer. Heureusement les nombreuses montées vont s’en charger ! Les chemins sont toujours aussi beaux et la pluie alterne avec un ciel gris et clair : du coup, nous passons notre temps à mettre et à enlever nos ponchos.
Andie m’a laissé partir devant… et ce faisant, j’ai rattrapé Jodie, l’Australienne : notre duo devient trio et remotive Andie qui trouve qu’on marche trop intensivement. Nous nous arrêtons dans un bar perdu au milieu de nulle part vers 15h15 après avoir parcouru près de 15 km.
Nous enchaînons ensuite les montées et descentes sur environ 11 km jusqu’à l’auberge où nous attend Max qui a préparé un vrai repas de pèlerin : pâtes et lentilles aux lardons.
Après une bonne soirée, nous retrouvons le grand dortoir.
Ambiance un peu tendue avec Andie qui, par crainte de la blessure, veut limiter notre marche quotidienne à 30 kms par jour maximum. Mais ce n’est pas si simple, car nous sommes en région montagneuse et les auberges ne sont pas nombreuses. Nous verrons bien demain.
En attendant, pour ma part, j’ai dépassé aujourd’hui les 700 km de parcours.
Jour 23 | 22 octobre 2019 | Pola de Allande – Grandas de Salomé (38 km / 10h15)
Étape énorme avec plus de 2000m de dénivelé en montée et autant en descente. Départ sous la brume humide à 8h30. Nous démarrons par. 2h de montée jusqu’à 900m. Pour la 1ère fois depuis le début de ce périple, j’ai froid et je mets une veste polaire et des gants. A 9h30, ciel bleu et soleil, enfin !
Le Chemin est toujours aussi beau. Nous marchons dans une alternance de chaud et de froid et ressentons le vent lorsque nous sommes sur le plateau.
Andie s’inquiète beaucoup depuis hier à propos de ses pieds, de ses chevilles ; je vois bien qu’elle a peur d’être à nouveau blessée. C’est un peu embêtant, car du coup nous ne sommes pas tout à fait sur le même projet : elle préférerait faire de courtes étapes et prendre son temps dans les auberges ; pour ma part j’aimerais marcher intensivement. Pour aujourd’hui, elle voudrait se limiter à 22 km, alors que personnellement j’en avais planifié 38. On va voir.
Cette étape est magnifique : de beaux sentiers, des pins, des vues incroyables. Nous traversons la Cordillère des Asturies. Après 3h30 de marche, dont près de 3h de montée, nous arrivons enfin à un premier bar dans un bled à 18 km du départ.
Après avoir pris un copieux en-cas, nous repartons tous ensemble : Andie, Jodie, Max et son fils et moi.
Arrivés là où elle avait prévu de s’arrêter, Andie se rend compte qu’elle resterait dans une auberge pratiquement au milieu de nulle part. Elle a changé de chaussures, ça va mieux. Elle décide de finir l’étape avec nous… et s’excuse auprès de moi d’être si pénible. Pas de souci.
Nous profitons à fond de cette journée magnifique et finissions par 1h de descente très éprouvante dans les bois, suivie de 7 kms de montée pour atteindre notre gîte. Nous arrivons fatigués mais contents. Ce soir, menu « del Peregrino » réconfortant et nécessaire, avec Andie.
Jour 24 | 23 octobre 2019 | Grandas de Salomé – À Fonsagrada (25 km / 5h30)
Démarrage à 9h30 seulement ce matin, pour une étape courte. Comme cette portion du Chemin est très sauvage, nous n’avons pas toujours beaucoup de choix pour nous arrêter et nous ravitailler. En prévision, nous avons attendu l’ouverture du supermarché à 9h pour acheter de quoi piqueniquer en route. Puis départ avec la petite troupe habituelle de cinq personnes !
Étape facile, mais par une température très froide (5 degrés seulement) et sous un ciel gris menaçant, mais finalement sans que la pluie tombe ; je suis dûment équipé pour la circonstance avec veste polaire, bonnet et gants !
Aujourd’hui, nous sommes passés des Asturies à la Galice et avons croisé en route ses fameuses bornes indiquant la distance jusqu’à Santiago. Plus que 154 km. Nous arrivons dans une auberge au top : lits avec draps, couette et serviettes pour la douche… et une super cuisine bien équipée!
Du coup après avoir fait les courses ensemble j’ai cuisiné végétarien pour tout le monde (Jodi est végétarienne). Le tout accompagné de bière et de vin rouge, évidemment !
Nous passons une super soirée à discuter et à écouter de la musique sur l’enceinte de Max. Je lui donne ma chevillère, car il souffre d’un début de tendinite. Ainsi la chevillère continue à être utile à celui qui en a besoin ; en effet, je l’avais moi-même reçue d’un pèlerin lors de mon premier voyage.
Jour 25 | 24 octobre 2019 | À Fonsagrada – Castroverde (32 km / 7h30)
L’épreuve ! Journée complète à braver la pluie, le vent, le froid et la boue.
Départ à 9h30 car après notre petite soirée personne ne s’est réveillé ! Nous prenons, pour une fois, un solide petit déjeuner (une salade de fruits frais préparée par Jodi) et nous nous mettons en marche sous la pluie.
J’ai mis mes gants et ma veste triple couche sous mon poncho car il fait vraiment froid. J’admire Jodi qui, incroyablement peu équipée pour la pluie, part en tee-shirt, les bras nus et protégée de la pluie seulement par son parapluie vert !
Nous marchons quasiment sans interruption pendant trois heures, d’un pas rapide pour se réchauffer. Et ça fonctionne ; au bout d’une heure, j’enlève ma veste triple couche car j’ai trop chaud pour me retrouver en tee-shirt sous mon poncho.
Avec 1300 m de dénivelé, l’étape est plutôt escarpée, mais le plus dur, c’est surtout en haut des côtes, sur les plateaux, là où le vent froid nous glace. Dans ces conditions, nous ferons l’essentiel de l’étape sans nous parler, en essayant d’avancer aussi vite que possible.
Après 2h de marche, nous allons traverser un chantier forestier : le chemin n’est plus qu’ornières et boue. Aucune possibilité de l’éviter, alors nous marchons donc prudemment dans la boue en essayant de ne pas trop nous y enfoncer.
Vers 12h30, Jodi trouve une petite chapelle abritée, où nous allons faire un picnic rapide. J’ai laissé mes bâtons comme signal au bord du chemin ; comme ça Andie, puis Max et son fils Tanel vont nous rejoindre. Nous repartons rapidement pour 4 h de marche sous la pluie qui ne faiblit pas pour rejoindre notre auberge.
Tout le long de la journée, je me félicite des choix de mon équipement : mes chaussures sont incroyablement étanches, mon pantalon de pluie efficace et pas trop chaud, ma cape de pluie très fonctionnelle et suffisamment aérée.
Nous arrivons finalement assez joyeux, content de nous sentir bien malgré les conditions météorologiques. A l’auberge, je retrouve Laurence et Liven, le Belge… toujours les hasards des rencontres du Chemin.
Après l’installation et la douche chaude bien méritée, nous partons faire les courses et préparer une soupe de légumes (+ pâtes) ensemble. Andie s’est directement endormie. Nous irons tous tôt du lit ce soir…
Jour 26 | 25 octobre 2019 | Castroverde – San Román de Retorta (45 km / 11h45)
Nous démarrons à 7h45 avec Jodi. Il fait encore nuit. Elle me remercie chaleureusement de lui avoir prêté ma doudoune Jott qui lui a servi de duvet dans ce gîte qui n’était pas équipé de couvertures !
Tout en marchant dans cette aube froide, nous attendons le lever du jour et surtout l’apparition du soleil. Et en effet nous allons profiter d’une journée fraîche mais ensoleillée !
Même si Jodi marche plutôt bien, j’ai des fourmis dans les jambes, avec l’envie d’aller plus vite. Alors je fais régulièrement des mini-pauses pour l’attendre.
Pendant les 22 km qui nous séparent de Lugo, nous guettons l’apparition d’un café-bar pour nous restaurer. Hélas, il ne viendra pas et c’est seulement après 4h30 de marche et une fois arrivés à Lugo que nous pourrons nous arrêter dans le premier bar rencontré.
Nous faisons ensuite le tour de cette belle petite ville en parcourant les 3 km de la muraille d’enceinte. Puis nous nous installons pour pique-niquer sur un banc dans un jardin public derrière la cathédrale.
Max et son fils nous rejoignent pour visiter la magnifique cathédrale de Lugo. Ma décision est prise depuis ce matin : je me dois d’avancer plus vite, quitte à le faire seul. Cela implique de me séparer du groupe, mais je sens que c’est bien pour moi. Et donc, à 15h30, j’embrasse Max et Jodi (Andie est malheureusement introuvable) et me mets en route pour les 19 km qui mènent à la prochaine auberge.
Je savoure ce moment de solitude avec bonheur. Je sais que je vais arriver au gîte tard, après cette longue étape, mais je n’ai aucune crainte ; je me sens en pleine forme et sais maintenant depuis longtemps de quoi je suis capable. Je passe quelques moments magiques dans les chemins creux et dans les sous-bois à la lumière particulière du soleil de fin de journée.
Je réalise mon privilège, car peu de pèlerins marchent à une heure aussi tardive. J’arrive peu après 19h30 dans le seul gîte de ce hameau au milieu de la forêt. Je vais partager la chambre commune, très propre, avec une Lituanienne peu commode qui exige le silence à 21h20 pour dormir ! Avant cela, je file manger un plat réchauffé au micro-ondes dans l’épicerie / bar en face avant qu’elle ne ferme… et donc avant ma douche pour une fois !
Je ne suis plus qu’à 80 km de Compostelle, que j’atteindrai dès lors dans deux jours, dimanche. Max m’a envoyé des messages et je l’ai rassuré sur mon arrivée dans de bonnes conditions. Ils ont retrouvé Andie par hasard à Lugo… tout va bien !
Demain, le Camino Primitivo va converger avec le Camino Frances a Melide, en milieu de journée. Je vais donc retrouver des endroits et paysages connus, pour les avoir empruntés lors de mon premier périple.
A suivre…
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